Pouvez-vous nous présenter rapidement votre parcours ?

Avant d'être designer graphique, je rêvais de devenir architecte. C'est un parcours un peu atypique qui m'a amenée ici aujourd'hui. Après des études de langues étrangères, une année où j'ai troqué la scolarité pour essayer plusieurs métiers, l'envie de rentrer dans une école d'arts, c'est au final sur les bancs de la FAC que je suis retournée pour obtenir un DUT en techniques de commercialisation. 

J'ai pu découvrir une facette de ma personnalité très sociable et à l'aise dans un discours de vente et la relation clients. J'ai beaucoup apprécié penser et mettre en place des stratégies de vente pour à la fois satisfaire mon client, son porte monnaie et le CA de l'entreprise. 

J'ai terminé mon cursus par un Master en Ingénierie des médias, où j'ai tout d'abord été refusée ! Hors de question que je m'arrête là ! J'ai assisté à tous les cours pendant plusieurs semaines en tant que clandestine, jusqu'à ce qu'un professeur accepte d'ajouter mon nom en bas de la liste des étudiants inscrits. 

Grâce à cette école, j'ai eu la chance de croiser mes projets personnels avec le développement de compétences spécifiques liées aux métiers numériques et à la création d'outils et de supports de communication stratégiques. Le lien avec le commerce était fait. S'en suivent des stages variés dans divers domaines : e-commerce, site internet vitrine, photographie, motion design, jeux en réalité virtuelle. Je terminais mon parcours à la Marine Nationale, dotée de nombreuses cordes à mon arc. 

La vie a fini par me pousser dans le chemin de l'entreprenariat, que je vis depuis deux années à plein temps. Non, pas la vie, c'était encore un choix et j'en suis aujourd'hui très satisfaite ! 

En quoi consiste votre métier d'UX/UI designer ?

Le métier d'UX / UI designer est multiple. Il lie compétences techniques, stratégies presque liées au psychologique, aux sciences sociales, à l'esthétique et l'émotionnel. 

L'UX designer, ou User Experience designer, conçoit des expériences pour les utilisateurs à un instant T d'un vécu. Cela peut être dans un magasin, un espace public, une solution numérique, dans un restaurant ou même conduire une voiture. Tout ce que nous vivons est lié à une expérience que nous vivons. Si l'utilisateur n'est pas satisfait de son vécu, si cela n'a pas affecté son système émotionnel, il ne reviendra pas vivre cette expérience et n'en parlera pas à son entourage.

Dans mon activité, l'expérience utilisateur est appliquée à plusieurs de mes métiers : design de logiciels, création de sites internet, accompagnement en développement d'identité de marque, motion design et photographie. Il est important d'apporter un vécu mémorable, en utilisant le plus de sens possibles et adaptés à ma cible. Je ne peux pas réaliser une expérience utilisateur efficace sans connaître le contexte d'utilisation et la personne qui va être amenée à vivre l'expérience. Avant de lui proposer un UX, je dois comprendre ses motivations, ses désirs et ses souffrances. L'UX design est la partie immergée de l'iceberg.

L'UI design est lié à la représentation visuelle de l'expérience souhaitée et construite en amont. Cette partie du travail est émergée de l'iceberg, c'est ce que l'utilisateur voit, User Interface ou interface utilisateur. Cet aspect du travail consiste en la traduction visuelle, dans mon cas, de divers éléments statiques, dynamiques, interactifs, informatifs, destinés à répondre à un besoin. Comme le dit très bien le dicton "Less is more", il n'est pas question de réaliser la plus belle œuvre d'art sans lui donner du sens mais de traduire des éléments graphiques qui se doivent d'être fonctionnels, pratiques, utiles, utilisables, faciles, rationnels : boutons, typographies, éléments graphiques, navigation, etc. 

Comment exercez-vous votre métier chez Boostmyshop ?

Chez Boostmyshop, les missions sont très variées. En tant que designer graphique au sens large du terme, je passe mes semaines à jongler entre gestion de projet à l'international, refonte, optimisation et intégration du site internet, responsive design, création des maquettes logiciel, ou encore soutien au service marketing dans la réalisation de supports de communication. La partie la plus chronophage mais indispensable de mon métier reste la gestion de projet, l'organisation des différents travaux et de mon emploi du temps. Selon les projets, les équipes ne sont pas les mêmes et il faut savoir cumuler plusieurs tâches en même temps qui n'ont pas toujours de lien les unes entre les autres. En tant que designer, il est important de rester en permanence en veille sur les nouveautés et les concurrents. C'est une mission incontournable dans mon travail au quotidien. 

D'après vous, qu'est-ce qu'un bon UX/UI designer ?

Un bon designer est un designer empathique, curieux et un peu fainéant. Il doit être sans cesse en quête de savoir, de nouveautés, avoir un certain sens du détachement mais surtout se mettre à la place de son utilisateur, l'écouter et le comprendre, voire l'observer si il le peut grâce à divers outils à mettre en place. Il est possible de réaliser le site internet ou le logiciel le plus "parfait" graphiquement, c'est-à-dire qui va suivre les tendances et codes graphiques, et pourtant n'avoir aucun impact ni aucune utilité s'il ne répond pas le plus rapidement possible au besoin et à la souffrance de l'utilisateur. La prise en compte des dimensions psychologiques et émotionnelles sont indispensables pour qualifier un design de bon ou d'efficace. C'est la pertinence du choix graphique, du parcours utilisateur, de la proposition visuelle qui va déterminer un bon graphisme d'un mauvais, et par extension son créateur. 

Qu'est-ce qui vous plaît le plus et le moins dans votre métier ?

Je dirai avant tout que ce travail nécessite d'être toujours centré sur l'utilisateur. La valeur ajoutée dans ce métier en est la plus grande difficulté à surmonter :  il s'agit de savoir se détacher et se mettre à la place de son utilisateur. J'adore essayer de comprendre pourquoi chaque individu fait tel ou tel choix, ce qu'il se passe dans son esprit et la logique de son raisonnement. Nous pouvons classer les individus par sensibilité, ou points d'intérêt. Réaliser ce que nous appelons dans le jargon du marketing des "personas types" est porteur de valeur car il nous permet de cibler une catégorie d'individus qui ont des codes sociaux et des critères de préférence intéressants à étudier pour leur faire une proposition numérique pertinente. C'est également la partie qui nous donne le plus de difficultés car nous devons en tant que designer nous détacher le plus possible de notre travail. Nous ne créons pas pour nous mais pour nos utilisateurs, être fier de son travail est délicat lorsqu'on ne se sent pas concerné par la solution numérique ou que nous ne pouvons pas la tester (comme pour des maquettes logicielles par exemple). Il nous manquera toujours cette notion de contexte qui nous oblige à nous laisser guider sur les possibilités d'amélioration de nos créations après avoir réalisé des tests utilisateurs souvent longs et lourds financièrement bien qu' incontournables si nous voulons créer encore une fois, un outil le plus pertinent possible. Il faut savoir prendre en compte la parole commune, traduire les retours utilisateurs et faire la différence entre envie et besoin à la fois pour soi et pour les utilisateurs.