Ce printemps, les Journées Académiques de l'Innovation Pédagogique, organisées dans plusieurs académies françaises, ont mis en lumière une transformation en cours, encore trop silencieuse mais porteuse d'un potentiel immense. L'intelligence artificielle (IA) et les sciences cognitives ne sont plus de simples outils d'appoint : elles redéfinissent les fondements même de l'enseignement. Une refonte du modèle pédagogique devient urgente.
À Orléans, lors d'une table ronde consacrée à l'apport des neurosciences à l'école, Frédéric Guilleray, enseignant et cofondateur du réseau Cogni'Classes, a partagé une vision claire : il est temps de passer d'une éducation standardisée à un apprentissage fondé sur la compréhension du fonctionnement du cerveau.
Son dispositif, expérimenté dans plusieurs établissements, repose sur des techniques éprouvées : mémorisation active, répétition espacée, autoévaluation, métacognition. Les premiers résultats sont parlants : dans un lycée de Tourcoing, les élèves ayant suivi ce programme ont vu leur moyenne progresser de +15% en histoire-géographie.
Dans la même veine, Chloé Mercier, chercheuse en modélisation cognitive à l'Université de Bordeaux, insiste sur la complémentarité entre IA et sciences cognitives : « Grâce à l'intelligence artificielle, chaque élève peut désormais bénéficier d'un parcours personnalisé, adaptatif, avec des retours immédiats sur ses points forts et ses lacunes. C'est une révolution silencieuse, mais décisive. »
Cette dynamique enthousiasmante ne doit pas masquer les obstacles. Car aujourd'hui encore, toutes les écoles ne disposent pas des outils, ni de la formation nécessaire pour exploiter ces innovations. Résultat : un écart qui se creuse entre établissements connectés et autres.
Selon une brochure publiée début 2025 par la Direction du Numérique pour l'Éducation (DNE), seuls 32% des établissements secondaires ont engagé une démarche structurée d'intégration de l'IA. L'accès inégal aux technologies, le manque de formation des enseignants, l'absence d'une gouvernance claire autour de l'éthique des données posent un problème de fond : celui de l'équité. Former massivement les enseignants, mutualiser les ressources, garantir un cadre éthique clair : voilà ce que requiert une vraie réforme. Sans cela, c'est une école à deux vitesses qui risque de s'installer.
Dans la compétition mondiale pour les talents, l'école est un levier stratégique. Les pays capables d'intégrer les technologies cognitives dans leur système éducatif ne se contenteront pas de mieux former leur jeunesse : ils créeront les compétences clés de demain. La France n'est pas en retard, mais elle ne peut plus se permettre d'avancer à petits pas. Elle a les moyens de devenir leader européen de l'innovation pédagogique, à condition de faire de cette transition une priorité nationale.
Certaines académies montrent déjà l'exemple. À Toulouse, les rectorats mobilisent des laboratoires, des enseignants-formateurs et des start-up EdTech pour tester des parcours pédagogiques augmentés par IA. À Nice, les journées de l'innovation mettent en réseau chercheurs et praticiens. Mais il faut une vision commune, ambitieuse, partagée. C'est le rôle de l'État.
L'intelligence artificielle ne doit pas être perçue comme une menace pour l'enseignant. Bien au contraire : elle peut le délester des tâches administratives, l'aider à mieux suivre les progrès de chaque élève, et l'outiller pour individualiser les parcours. Associée aux avancées des sciences cognitives, elle devient un puissant levier contre le décrochage scolaire, les inégalités d'apprentissage, et l'ennui pédagogique qui mine tant de classes.
Pourquoi l'IA est-elle importante à l'école ?
Elle permet de personnaliser l'enseignement, d'optimiser l'apprentissage, et de recentrer l'enseignant sur l'accompagnement humain.
Qu'apportent les sciences cognitives en classe ?
Elles rendent les méthodes pédagogiques plus efficaces, en s'appuyant sur la manière dont le cerveau apprend réellement.
Quels risques si on n'agit pas ?
Un système scolaire à deux vitesses, avec des inégalités croissantes entre écoles technologiques et écoles « à l'ancienne ».
Quelles académies françaises sont en avance ?
Toulouse, Orléans-Tours et Nice expérimentent déjà des modèles innovants avec l'appui des rectorats.
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